Dogman (2023) de Luc Besson

D'abord grand réalisateur avec ses chefs d'oeuvres "Le Grand Bleu" (1988), "Nikita" (1990) et "Léon" (1994), puis la ruine après le sévère échec de "Valerian et la Cité des Mille Planètes" (2017) et la perte de contrôle de sa société EuropaCorp, suivi du pastiche faineant "Anna" (2019) sans compter les accusations d'agressions sexuelles, Luc Besson est dans le creux de la vague depuis déjà un moment. Avec ce nouveau projet, Besson tente un comeback qui sonne un peu comme la dernière chance, il est réalisateur-scénariste et également producteur via sa nouvelle société Luc Besson Production tout en restant associé avec EuropaCorp. Le cinéaste explique avoir eu l'idée du film en lisant un article sur une famille qui avait jeté son enfant de 5 ans dans une cage : "Je me suis demandé comment un être humain pouvait traverser un etelle épreuve, surmonter ce traumatisme psychologique et émotionnel. C'est ce que j'ai eu envie d'explorer dans DogMan. Nous avons tous en commun la souffrance et la seule arme pour la combattre, c'ets l'amour et le partage. La société des hommes apporte un peu de réconfort, mais l'amour peut permettre de panser ses plaies." Attention, le film n'est pas à confondre avec "Dogman" (2018) de Matteo Garrone... Enfant, Douglas a été abusé et battu par un père violent qui a fini par l'enfermer avec ses chiens. Contre toute attente, les chiens se sont pris d'affection pour l'enfant et sont devenus petit à petit ses protecteurs. Devenu adulte, Douglas est devenu un marginal qui ne vit que par et avec ses chiens. Toujours traumatisé, il sombre peu à peu dans une folie meurtrière... 

Dogman (2023) de Luc Besson

Douglas est incarné par Caleb Landry Jones vu entre autre dans "Queen and Country" (2014) de John Boorman, "Get Out" (2017) de Jordan Peele ou "Nitram" (2022) de Justin Kurzel qui lui a valu un prix d'interprétation au Festival de Cannes. Sa mère est jouée par Iris Bry vue dans "Les Gardiennes" (2017) et "Albatros" (2021) tous deux de Xavier Beauvois puis dans "La Daronne" (2020) de Jean-Paul Salomé. Citons encore Marisa Berenson révélée par "Mort à Venise" (1971) de Luchino Visconti et "Barry Lyndon" (1975) de Stanley Kubrick et vue encore dernièrement dans "The Bay" (2022) de Drasko Djurovic, Christopher Denham vu notamment dans "The Bay" (2012) de Barry Levinson, "Being the Ricardos" (2021) de Aaron Sorkin ou "Oppenheimer" (2023) de Christopher Nolan, Jojo T. Gibbs remarquée surtout dans la série TV "Twenties" (2020-2021) et vue dans le film "Fresh" (2022) de Mimi Cave, James Payton connu pour avoir incarné Hitler dans "Captain America : First Avenger" (2011) de Joe Johnston et "Monuments Men" (2014) de et avec George Clooney avant d'apparaître dans "Glass Onion" (2022) de Rian Johnson, Clemens Schick vu dans "The Dark Valley" (2014) de Andreas Prochaskas, "Point Break" (2015) de Ericson Core ou "Overdrive" (2017) de Antonio Negret... Besson fait appel une énième fois à son compositeur fétiche Eric Serra à l'exception de "Angel-A" (2005) et "Valerian et la Cité des Mille Planètes" (2017). Puis n'oublions pas les chiens, dressés par Mathilde de Cagny, qui a oeuvré sur des films comme "Pour le Pire et pour le Meilleur" (1997) de James L. Brooks, "Marley & Moi" (2008) de David Frankel ou "The Dictator" (2014) de Larry Charles. A noter qu'elle a été choisie sur les conseils de Louis Leterrier réalisateur de la trilogie "Le Transporteur" (2002-2008) et "Danny the Dog" (2005) des films produits et écrits par Besson... D'ailleurs, si certain cite aussi "Joker" (2019) de Todd Phillips comme référence et malgré l'inspiration indiquée par le réalisateur, il est assez flagrant que son nouveau film a été plus fortement encore "inspiré" par son "Danny the Dog", par "White Dog" (2014) de Kornel Mundruczo et même son homonyme  "Dogman" (2018) de Matteo Garrone. C'est d'ailleurs le gros bémol du film, on ressent trop les idées pompées sur ces films, la majorité des scènes ramènent ostensiblement aux films sus-cités.

Dogman (2023) de Luc Besson

Si Besson avait su marquer de son empreinte le pellicule avec ses chefs d'oeuvres des années 80-90 il montre avec ce film qu'il n'a plus la créativité pour signer une histoire originale ni même pour offrir une mise en scène adaptée. A contrario on voit que la construction narrative a été travaillée même si c'est bien alambiquée pour faire croire à quelque chose de complexe et de nous faire croire qu'il va y avoir du suspense. Le film s'ouvre sur une citation de Lamartine : "Partout où il y a un malheureux, Dieu envoie un chien." qui fait sourire, Besson qui nous fait du littéraire ce qui n'est pas toujours légitime vis à vis du contexte. Mais surtout on passe du flash-backs au présent un peu dans tous les sens sans qu'on comprenne bien l'évolution de Douglas Munrow/Landry Jones. D'abord il est peu logique et même antinomique qu'il se dévoile aussi vite et aussi facilement au vu de son mode de vie et de ses failles psychologiques, ensuite il y a trop d'ellipses et/ou de scènes qui évoquent des pans entiers de vie sans approfondir ou traiter les sujets avec des passages qui frôlent le ridicule (cabaret) car trop peu étoffés ou trop caricaturaux pour convaincre. Par contre, Caleb Landry Jones signe une performance dantesque, une fois encore, il habite son personnage avec une palette de tons et d'émotions fascinante. Il porte le film et le sauve du naufrage. Les dernières minutes tombent dans le grotesque, d'abord parce que cela paraît illogique (il aime ses chiens, il a été abandonné lui-même...), la symbolique religieuse est aussi poussive que capillotractée, et enfin la femme (dont on devine son passif conjugal) est tout de même loin d'avoir subie autant que l'enfant Doug/Landry Jones. En conclusion le retour de Luc Besson manque d'originalité, d'un scénario plus travaillé et cohérent mais le jeu de Caleb Landry Jones vaut le détour.

Note :  

Dogman (2023) Besson

09/20