Cinéma | L’ÉTÉ DERNIER – 13,5/20

Cinéma | L’ÉTÉ DERNIER – 13,5/20

De Catherine Breillat
Avec Léa Drucker, Samuel Kircher, Olivier Rabourdin

Chronique : On sort un peu hébétés du dernier film de Catherine Breillat, avec le sentiment toujours troublant de ne pas savoir totalement quoi en penser. L’Été Dernier s’appréciera sans doute différemment qu’on croit ou non à cette liaison entre un ado et sa belle-mère, et aux risques insensés (personnels et professionnels) que cette dernière prend en entretenant cette relation incestueuse.
On a de quoi être dubitatifs, mais on lui donne petit à petit du crédit au fur et à mesure qu’on apprend à mieux connaitre les personnages, leurs motivations et les ressources mentales de chacun pour faire face à l’inévitable révélation.
La mise en scène de Catherine Breillat excelle quand il s’agit de filmer les prémisses du désir et sa consommation, pour saisir le trouble, le danger puis les intimidations dans les regards et les gestes. Elle joue de plans brillamment construits pour faire planner la menace du scandale en intégrant parfois discrètement le personnage de Theo au second plan par un reflet ou un objet.
Le personnage de Anne trouble et choque. On n’est pas habitués à croiser sur nos écrans une telle figure féminine, se jouant de la moralité et prête à tout pour préserver son confort bourgeois. Le rôle pourrait être intimidant, mais Léa Drucker s’en saisit avec subtilités et autorité. Qu’elle soit une grande actrice, c’est un fait, mais ce qu’elle accomplit ici est assez prodigieux, bien épaulée par le charme enjôleur du juvénile Samuel Kircher.
Un conte passionnel amoral assurément, mais brillamment dérangeant.

Synopsis : Anne, avocate renommée, vit en harmonie avec son mari Pierre et leurs filles de 6 et 7 ans. Un jour, Théo, 17 ans, fils de Pierre d’un précédent mariage, emménage chez eux. Peu de temps après, il annonce à son père qu’il a une liaison avec Anne. Elle nie.